La POSTURE de l'ENSEIGNANT
La Posture de l'ENSEIGNANT

La posture de l’enseignant



Faire cours, faire la classe, ce n’est pas administrer à un public captif un contenu de savoir identifié dans une fiche de préparation.


C’est bien au-delà.


C’est concevoir, organiser, mettre en œuvre, analyser et réguler des situations d’apprentissage.


C’est gérer un groupe et des individualités.


C’est exercer une autorité et transmettre des valeurs.


C’est établir une relation pédagogique et éducative donnant du sens aux apprentissages.


Il faut donc bien réfléchir sur la tenue de la classe.


Car les questions relatives à la tenue de la classe sont complexes dans la mesure où elles embrassent l’ensemble du champ des compétences professionnelles des enseignants

Mais aussi et surtout des attitudes et des capacités relationnelles propres à chacun.


Comment alors l’enseignant se positionne-t-il dans la classe ?


L’enseignant est un modèle, est un exemple.


Sa présentation, son attitude générale, sa tenue vestimentaire, sa façon de s’exprimer, le regard qu’il porte sur la classe, l’exigence qu’il a vis-à-vis de lui-même (ponctualité, respect des règles communes…) : tout cela participe à la crédibilité de l’enseignant.


L’enseignant exerce une mission éducative. Il doit alors conjuguer exigence et bienveillance.

S’il doit pouvoir se mettre à la portée des élèves, l’enseignant ne se situe pas à leur niveau. L’enseignant n’est pas le copain. Tutoiement ou vouvoiement ?


L’enseignant doit faire passer des valeurs au sein de sa classe. Des valeurs de respect avant tout. Il est le garant de règles de vie dans la classe qui mettent en avant le respect de chacun, le refus de la violence orale, physique, morale, la politesse, le registre de langue utilisé par tous.


L’enseignant ne doit jamais non plus se mettre dans une situation qui le discréditerait ou qui affaiblirait son autorité.

Que ce soit au plan des contenus enseignés (exercices infaisables, erreurs manifestes, erreurs d’orthographe au tableau, langue orale française incorrecte…). Ou sur le plan pédagogique et encore moins sur le plan du fonctionnement quotidien.



Les petites décisions qu’il prend en permanence, parfois même sans en avoir conscience (reprendre ou pas tel élève qui enfreint la consigne, demander le silence mais continuer sans l’avoir obtenu) en font plus pour renforcer ou affaiblir la crédibilité de son discours et son autorité que ses grandes déclarations.


D’une façon générale, l’enseignant doit s’interdire toute contradiction, tout décalage entre ses actes et son discours, entre ses demandes formelles et son exigence réelle.

Il ne peut demander aux élèves d’être ponctuels et lui-même arriver fréquemment avec quelques instants de retard, quelles que soient les bonnes raisons de son retard.


Il ne peut demander aux élèves d’avoir une tenue et un langage corrects et lui-même avoir une présentation douteuse ou un langage approximatif.


Il ne peut interdire l’usage du téléphone portable et lui-même sortir le sien même si ce n’est que pour regarder l’heure.


Il ne peut pas dire qu’il ne tolèrera aucun bruit et ne pas intervenir s’il y en a.


Oui, j’insiste, l’enseignant doit être un exemple, un modèle.


L’enseignant doit également se prémunir contre des comportements improductifs voire dévastateurs. Toute réplique « cul-de-sac » du genre « Ce n’est pas pour moi que vous travaillez, moi je serai payé en fin de mois » est mal venue.


Pareil on évite tout humour déplacé : « le groupe des mémères et des pépères » ou « le groupe des lents »..



On s’interdit également toute mise en cause de l’enfant ou de sa famille : « Où avez-vous été éduqués ? ».


De même, il est improductif de prendre à parti le collectif pour régler un problème individuel.



Dans tous les cas de figure, on ne doit jamais HUMILIER un enfant. Et encore moins devant les autres.


En cas de conflit, il est essentiel que l’enseignant garde ses nerfs, ne réagisse pas à chaud et ne s’engage pas dans un crescendo infernal.

Le fait de ne pas traiter à chaud, le fait d’écrire (rapport) constituent souvent un temps de maturation et de distanciation indispensable.


Enfin, rappelons que l’enseignant ne doit promettre que ce qu’il peut tenir. A lui donc de savoir où il va, en se rappelant que le meilleur moyen de gérer la discipline est de mettre les élèves au travail en leur proposant des situations d’apprentissage de qualité, abordables par chacun.


Quelle est la place de l’enseignant dans sa classe ?


L’enseignant doit voir en permanence l’ensemble des élèves de la classe, quelle que soit la disposition des tables et des élèves. Sa position dans l’espace n’est donc jamais le fruit du hasard ou de l’habitude.


Il veillera donc à diversifier sa position pour voir ce qui se passe dans la classe, pour maintenir l’attention des élèves et pour pouvoir être auprès de tous, sans privilégier un espace ou un groupe d’élèves.


La classe est un lieu où circule la parole, objet de communication et outil pédagogique.

La voix de l’enseignant doit être audible de tous, sans effort.


Elle doit pouvoir être modulée (débit, intonation) en fonction de l’intention de communication, individuelle ou collective, et doit permettre de maintenir et de relancer l’attention.


Pour éviter tout bavardage inutile brouillant le message et finissant par constituer un bruit de fond, l’enseignant s’efforcera de parler à bon escient, en se plaçant à un endroit stratégique et en s’assurant de l’attention des élèves.


Parce que la parole de l’enseignant est précieuse, elle doit être entendue de tous.


Pour réguler la prise de parole des élèves, l’enseignant peut utilement instaurer un rituel de prise de parole (lever la main) et faisant en sorte que ce soit lui qui distribue la parole plutôt que ce soit les élèves qui la prennent.


La difficulté réside souvent dans la capacité pour l’enseignant à faire respecter cette règle par tous et dans le temps afin que les élèves qui demandent la parole ne soient pas lésés par ceux qui la prennent.


Comme souvent, une règle ne fonctionne que si elle est respectée par tous en commençant par l’enseignant qui inlassablement aura à rappeler les règles, à les valoriser et à veiller à leur usage en interrogeant prioritairement les élèves qui ont respecté les consignes.



Quand la prévention (explicitation de la règle et des comportements attendus) ne suffit plus, l’enseignant devra réguler les comportements inadéquats et sanctionner si nécessaire.


Si on menace un enfant d’une punition, il faut tenir sa parole.


Il est indispensable également que l’enseignant garde en mémoire les punitions données s’il veut rester crédible.


L’enseignant devra également hiérarchiser les faits et les responsabilités afin de ne pas tomber dans une inflation de punitions qui anéantirait sa crédibilité (C’est comme le fait de lever la voix de façon systématique qui n’a plus rapidement d’effet).


De plus, toute punition doit être expliquée aux enfants. Les élèves étant souvent persuadés que la punition qui les frappe « n’est pas juste ».


Pour les motifs les plus légers (bavardages mise au travail retardée, attitude…), il peut être intéressant et formateur de « laisser une chance » d’effacement de la punition tout au long du cours, avec un système d’avertissement, la punition n’étant donnée qu’à la fin du cours si le nom de l’élève n’a pas été effacé.


Système du carton vert et du carton rouge, également.


Enfin, rappelons que toute punition sera mieux acceptée et donc d’autant plus éducative que l’enseignant est apprécié de tous, qu’il est perçu comme juste et qu’il a su établir une relation de confiance basée sur sa bienveillance et son engagement pour la réussite de ses élèves.


C’est en période ordinaire, dans le quotidien de la classe, que se construisent les relations de confiance et d’autorité qui permettront de gérer les moments de crise.



SOIGNER l’ENTRÉE EN CLASSE


Moment sensible qui « donne le ton », l’entrée en classe constitue un moment de transition entre les espaces collectifs (cour, escaliers) et la classe et doit avoir une portée initiatique.


Il s’agit d’assurer une présence vigilante dès l’amont de la salle de classe afin que ne prolongent pas, au sein de celle-ci, les éventuels conflits ou tensions issus de l’avant-classe.


L’entrée en classe gagnera en sérénité en se faisant après un rapide moment de retour au calme dans le couloir.


Elle marquera ainsi une rupture symbolique entre l’extérieur et la classe, ce qui permettra d’en faire un moment transitionnel favorable à un accueil positif des élèves, sans interpellation, facilitant leur centration sur l’apprentissage et permettant à l’enseignant de « sentir » l’atmosphère.


Elle participera à faire de « la classe » un lieu identifié par tous comme spécifique.


Pour que cette entrée en classe constitue un sas efficace, il est utile d’établir des rituels (enlever ses écouteurs, retirer son manteau, enlever son chapeau, baisser la voix, préparer ses affaires sur la table…) qui gagneront en force et en pertinence par leur régularité.



RESPECT pour TOUS


Pour conclure, j’insisterai beaucoup sur les valeurs que nous devons défendre dans nos écoles à la française.


Nous sommes porteurs des valeurs de la République que sont la Liberté, l’Égalité et la Fraternité.


Nous, adultes, avons un rôle capital à jouer dans l’éducation de nos élèves. Apprendre à lire, écrire et compter à nos élèves, c’est très bien mais ce n’est pas suffisant.


Faire acquérir des connaissances à nos élèves, c’est parfait… mais ce n’est pas suffisant.


L’école doit être effectivement, après la famille, la seconde chance d’éducation personnelle pour tous les élèves.


A commencer par le plus difficile pour l’enseignant : faire de lui-même ce qu’il veut faire de ses propres élèves, sans quoi l’entreprise est d’avance vouée à l’échec.


Car dans le domaine de l’éducation, différent de celui de l’instruction, SAVOIR ne SUFFIT PLUS.

Il faut aussi ÊTRE.


Il faut apprendre à nos élèves à ÊTRE des individus responsables et respectables et faire passer des valeurs essentielles pour le bon développement des enfants :

-L’estime de soi et le respect de soi

- Un niveau de conscience élevé

- La responsabilité de soi

- L’affirmation de soi


Bref : « Être soi-même ».


C'est-à-dire tel qu’on puisse, sans crainte, sans hésitation, sans honte ou sans timidité se montrer dans ses actes tel qu’on est et tel qu’on pense en réalité.


L’enseignant, par son exemple, devra donc avoir une force morale, une maîtrise émotionnelle, le courage de certaines situations difficiles, une rigueur intellectuelle et morale, un sens aigu de la cohérence, de l’équité et de la justice, avec si possible, mais c’est alors toujours possible, une touche de bienveillance pour ses semblables et de compassion pour les plus fragiles.


Car je le répète encore et encore, l’enseignant ne peut faire autrement que d’être un modèle pour l’enfant. Et chacun de nous se souvient encore de celui ou celle qui, parmi nos enseignants de jadis, a correspondu le mieux à ce profil.


Je voudrais que vous portiez votre attention sur certains points essentiels pour bien vivre en classe. Je suis convaincu qu’en mettant en œuvre ces points dans nos classes, nous nous dirigeons non seulement vers la réussite scolaire de chaque élève, mais surtout vers la réussite personnelle de futurs adultes.


  1. La dignité de l’enfant : Courtoisie et respect sont les maîtres-mots dans une classe.

Respecter un enfant, c’est tout simplement lui montrer la même courtoisie qu’à un adulte. L’école doit être un lieu où la dignité est respectée.


  1. La justice dans la classe : Les mêmes règles s’appliquent à tous, quels que soient leur sexe, leur ethnie, leur situation familiale… Le favoritisme empoisonne l’atmosphère d’une classe.


  1. L’appréciation de soi : L’enseignant s’abstient de juger l’élève, mais il décrit ce qu’il voit, les points faibles, les points forts. Il ne se focalise pas seulement sur les faiblesses de l’élève. Il l’aide à découvrir ses atouts et ses aptitudes.


  1. L’attention portée aux élèves : Tous les élèves ont besoin d’attention. Certains même plus que d’autres. Y compris les « bons élèves » timides et silencieux, qu’il faut impliquer dans la classe. Tout ce que pense et ressent chacun des élèves a de l’importance.


  1. La discipline : Il n’y a pas de classe sans règles à respecter. Il s’agit d’inciter les élèves à vouloir faire ce qui doit être fait. Les manquements à la discipline ne doivent conduire ni à la répression, ni à la permissivité. Le « bon enseignant » y parvient aisément, grâce à sa fermeté empreinte de compassion et de respect pour chaque élève.


  1. Les émotions : L’éducation ne concerne pas seulement la pensée, mais aussi les sentiments. Un enseignant peut apprendre aux élèves à accepter leurs sentiments et leurs émotions sans perdre leur maîtrise de soi